Croitre en 2025 dans une économie récessive : protéger et encourager les PME/ETI !

Comment croître en 2025 dans une économie nationale en récession ? La globalisation protège en partie les groupes du CAC 40. Les PME/ETI sont plus exposées au marché domestique. Pourtant les gisements de croissance et d’emploi sont chez elles. Dans un contexte politique chaotique, les protéger et les encourager est la meilleure des politiques.

Garder l'espoir
11 min ⋅ 13/12/2024

👉 2025. Le défi récessif 

La France sera dans un cycle récessif en 2025. 

Une crise des finances publiques, doublée d’une crise politique et institutionnelle

Nous vivons une crise majeure des finances publiques :  le déficit public sera au moins de 6% du PIB en 2024, deux fois le plafond autorisé pour les États membres de l’UE ; l’endettement public dépassera 3200 milliards d’euros, en augmentation de 890[1] milliards depuis 2017 ; la France vivra un effet boule de neige[2] avec un coût de sa dette qui augmentera plus vite que la capacité de l’État à la rembourser.  

La dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024 ajoute une crise politique et institutionnelle à la crise économique. 

La santé d’une économie repose d’abord sur la mobilisation du capital et la productivité du travail, mais aussi et surtout sur la confiance. 

Cette dernière est en berne. 56% des dirigeants de PME/ETI estiment que l’incertitude pèse sur leur activité[3].

Surendettée et sous surveillance des marchés financiers,  la France est privée d’une nouvelle augmentation de la dette publique pour doper artificiellement la consommation et la croissance.

La France va donc inévitablement entrer dans un hiver économique.

Les fondamentaux de la compétitivité française se dégradent

Les groupes du CAC 40 ont réussi leur mondialisation. C’est une protection pour amortir le choc. 

Les PME/ETI françaises sont plus exposées au marché domestique et à la réduction de la demande. Le risque de leur fragilisation est fort.

On fait souvent référence aux bienfaits de la politique de l'offre conduite depuis 2017.

Elle a permis une harmonisation de la fiscalité sur le capital avec la moyenne européenne, une plus grande fluidité du marché du travail, une baisse partielle des impôts de production, un essor de l'apprentissage, l’émergence de nombreuses start-up dont une trentaine s’est transformée en licornes[4]. Elle a amélioré l’attractivité de la France aux yeux des investisseurs internationaux.

Mais dernières ces résultats très régulièrement mis en avant se cache une vérité bien moins glorieuse : les fondamentaux de la compétitivité française ont continué à se dégrader rapidement et fortement. 

Le coût du travail est toujours beaucoup plus élevé que chez nos concurrents européens et mondiaux. En 10 ans, aucune réforme de l'État providence n’a été conduite, ni de chasse aux dépenses publiques inutiles et improductives.

Le coût de l'énergie, essentiel à la réindustrialisation, a augmenté du fait de l’idéologie verte et de notre soumission à une politique folle de libéralisation du marché européen sous emprise allemande. Alors que nous avions l’énergie la meilleur marché et la plus décarbonnée d’Europe : « La France avait avec EDF un système intégré, cohérent, optimisé de production d’électricité. […] En 2010, la France est exportatrice, avec le prix le moins cher d’Europe – 2,5 fois plus bas que l’Allemagne –, un contrat de service public qui fait référence, un atout formidable dans la lutte comme les émissions de gaz à effet de serre.[5] »

La réglementation et les normes sont en constante inflation. Le "choc de simplification" annoncé en mars 2013 et réaffirmé en 2024 n’a jamais eu lieu. Les démarches administratives et les normes n’ont cessé d’augmenter depuis 10 ans, selon le Conseil national d’évaluation des normes ! 

La productivité française a baissé de 6% depuis 2019.  

L’investissement a chuté de trois points en un an.

L’excès réglementaire de l’UE  

Des filières entières de PME/ETI sont fragilisées par des normes environnementales européennes trop élevées et des trajectoires trop peu réalistes.

C’est la cas de la filière du moteur thermique. 

Son interdiction en 2035, décidée sans aucune analyse d'impact de l’amont à l'aval de la chaîne de valeur, déstabilise l'industrie automobile européenne et ses filières de sous-traitance : dépendance aux terres rares ; pression insoutenable sur le modèle économique des constructeurs  ; inflation des coûts et des prix et baisse des volumes de vente ; risque de plans sociaux et de destruction d'emplois ; compétitivité menacée vis-à-vis de la Chine et des États-Unis.

L’ADN et la combativité des entrepreneurs

Dans une économie récessive et une absence de majorité à l’Assemblée nationale, il ne faut rien attendre à court terme de l'État et de la puissance publique  ; au mieux gérer les affaires courantes, en limitant les décisions qui aggraveraient la situation.  

L’atout économique principal de la France est l'ADN et la combativité des entrepreneurs et de leurs équipes. 

Ils ne peuvent pas tout, et certainement pas agir sur la dégradation des facteurs de compétitivité.

Ils sont inquiets et tentés de reporter leurs projets d’investissement et leurs embauches. 

Mais ils peuvent en partie amortir le choc en continuant inlassablement à transformer des contraintes en opportunités.

A condition de les soutenir et les encourager.

Les entreprises du CAC 40 peuvent les aider en protégeant leur écosystème de PME/ETI. 

Car les gisements de croissance se logent chez elles et dans chacune des grandes évolutions de leur environnement : la nouvelle mondialisation, les transitions écologiques et numériques, les nouvelles tendances sociétales. 

Illustrons ce potentiel avec des PME/ETI choisies dans chacun des quatre grands gisements. 

👉 La mondialisation et la conquête de nouveaux marchés

La mondialisation entre dans une nouvelle ère plus éclatée. 

L’économie mondiale va continuer à se développer. Mais les contraintes géopolitiques, la montée des protectionnistes, le développement de position monopolistique, la réduction de la concurrence vont peser sur le rythme et la stabilité de la croissance mondiale.

La donne change mais l’internationalisation reste un levier essentiel de croissance des PME/ETI françaises : le marché français représente 3% du marché mondial ; en sortant de France, les entreprises accèdent – en théorie – à un marché potentiel 30 fois plus grand (97/3).

Les exemples d’internationalisation réussis sont nombreux.

Petit Bateau (vêtements pour enfants) a ouvert des boutiques au Japon et aux États-Unis. 

Michel et Augustin (biscuits et produits gourmands) accède au marché américain : partenariat avec Starbucks ; présence dans des chaînes comme Whole Foods. 

Fleury Michon (charcuterie et plats préparés) s’exporte vers le Canada et l’Asie.

Babolat (fabriquant de raquettes), portée par le succès de Rafael Nadal et Carlos Alcaraz, distribue dans plus de 150 pays via des acteurs locaux et une présence dans les événements sportifs internationaux. 

Toutes ces entreprises partagent les mêmes facteurs de réussite : ciblage de nouveaux marchés pour leurs produits et services ; adaptation de l’offre aux spécificités locales ; alliances et partenariats locaux ; logistique mondiale ; utilisation de soutiens publics pour l’export.

👉 Les opportunités de la transition écologique : décarboner,  recycler et réindustrialiser

La transition écologique intègre plusieurs enjeux : des énergies propres et bon marché ; l’électrification et la décarbonation ; le recyclage et l’économie circulaire ; la réindustrialisation. 

C'est un second gisement de croissance pour les PME/ETI.

Énergies propres, électrification, décarbonation

La relance de la filière nucléaire française profite à de nombreuses PME/ETI : équipements des centrales autour de Framatome ; maintenance et démantèlement avec Onet Technologies ; modernisation des centrales avec Assytem ; innovations, notamment dans les petits réacteurs modulaires (SMR[6]), autour de Framatome et avec des start-up comme Naarea, Newcleo et Jimmy.  

L'hydrogène vert se développe. Lhyfe, start-up française, produit de l'hydrogène à partir de renouvelables sur le sol français ; HRS fabrique des stations de ravitaillement pour véhicules électriques à pile à combustible. 

Dans le stockage de l’énergie, Verkor – devenue une licorne en 2023 – produit des batteries lithium-ion pour les véhicules électriques et les applications industrielles ; tout comme le consortium ACC, créé par Stellantis et TotalEnergies ; Tiamat fabrique des batteries sodium-ion ; Electra et DBT développent des bornes et des systèmes de recharge. Nature et People First propose du stockage avec des solutions (de pompage turbinage) hydraulique.

Schneider Electric, leader mondial dans les solutions d’électrification et de décarbonation de l’industrie, anime un écosystème dynamique de PME/ETI dans la gestion de l'énergie, l’automatisation et la digitalisation. 

Valorisation des déchets et économie circulaire

Méthanor réalise des projets de méthanisation pour transformer les déchets organiques et industriels en biogaz, une énergie renouvelable. 

Waga Energy valorise les gaz de décharge en les transformant en biométhane injectable dans les réseaux de gaz naturel. 

Innoveox traite les déchets industriels par des technologies avancées.  

Bobine et Fairmat développent des technologies de pointe pour le recyclage des plastiques et matériaux composites.

Le Groupe Serge Ferrari fabrique des toiles composites innovantes à faible empreinte environnementale pour des applications d’architectures légères et d’aménagements extérieurs.

Réindustrialisation et souveraineté économique

La France a enfin pris conscience de sa désindustrialisation. 

De multiples plans et programmes publics accompagnent le mouvement de réindustrialisation : le plan France 2030 ; les prêts Industries du Futur ; le Fonds de Modernisation ; l’initiative France Relance et Territoires d’Industrie ; la French Fab. 

Aledia développe des LED de nouvelle génération à base de nanotechnologies. Elle a investi dans une usine en Isère.

Exotec fabrique des systèmes de robotique capables de se déplacer en 3D pour l’automatisation des entrepôts. 

LISI conçoit et fabrique des solutions d'assemblage et de fixation pour l'aéronautique, l'automobile et le médical. 

Pellenc est leader dans les équipements pour la viticulture et l'arboriculture avec une production dans le Vaucluse.

Sidel conçoit et fabrique des machines industrielles pour l’emballage.

Le Slip Français illustre le retour du « made in France » dans les sous-vêtements et les vêtements à prix abordable avec une production locale et des circuits courts.

Ces premiers succès sont encourageants.

La volonté politique de la réindustrialisation est affichée. 

Mais son ampleur est limitée. La dégradation des fondamentaux de la compétitivité nationale est un obstacle majeur. Les aides publiques présentées comme importantes sont dans les faits relativement modestes au regard des enjeux. Le plan France 2030, doté de 54 milliards, est l’équivalent de « seulement » 3 mois de déficit public, au rythme actuel de la dégradation des comptes publics… 

👉 3. La transition numérique et l’IA, une chance pour moderniser des secteurs de l’économie et reconquérir une souveraineté

La transition numérique combine deux grands enjeux : la transformation de secteurs entiers de l'économie avec plus de gains de productivité et moins de bureaucratie ; la reconquête d'une souveraineté technologique dans des domaines ciblés en coordination avec l’Europe. 

Elle est le terrain de jeux favori des start-up et des licornes. 

L’offre de solutions est large : IA, cloud, SaaS, cybersécurité.  

Les soutiens publics ont été mis en place :  Fonds French Tech ; prêts pour la transformation digitale (ERP, e-commerce, CRM) ; Fonds innovation pour les investissements en capital et les entreprises deep tech ; Fonds cyber ; Concours i-Lab et i-Nov. 

Intelligence artificielle (IA)

Mistral AI est depuis la fin de l’année 2023 une licorne estimée à plus 6 milliards d’euros, la plus élevée des valorisations des 30 licornes devant Doctolib (5,8 milliards), Blackmarket (5,5 milliards) et Contentsquare (5 milliards). 

Kyutai a été lancé à l’initiative de Xavier Niel, Rodolphe Saadé (CMA CGM) et Eric Schmidt (Schmidt Futures) fin 2023. Kyutai est un laboratoire européen basé à Paris et dédié à la recherche ouverte en IA. Une forme de concurrent de OpenAI et de ChatGPT. L’objectif est de proposer des solutions open-source pour démocratiser l’IA avec des algorithmes reflétant mieux la culture européenne et réduisant les biais anglosaxons. 

Deux autres technologies sont liées à l’IA : le quantique et la robotique. L’IA a besoin de la puissance du quantique. Les robots ont besoin de la puissance de l’IA. 

Dans le quantique, la start-up Pasqual a reçu le grand prix du Trophée des Futures Licornes 2023. Elle a de brillantes concurrentes comme Alice et Bob, et Quandela.

Solutions et plateformes numériques

Dans le cloud, OVH est devenue une alternative européenne face aux géants américains (AWS, Azure, Google Cloud).

Mirakl, Contentsquare et Ankerstore équipent les commerçants dans le ecommerce. 

Quatre licornes proposent des solutions de commerce en ligne aux consommateurs :  Back Market (produits électroniques reconditionnés), Veepee (déstockage et vente flash), Vestiaire Collective (prêt à porter de seconde main), ManoMano (articles de bricolage). 

Le secteur bancaire et financier crée de nombreux services numériques innovants (fintech). Lydia et Swile proposent de nouveaux moyens de paiement aux particuliers. Qonto offre des services bancaires aux PME. Ledger sécurise les transactions en cryptomonnaies. Ecovadis aide les entreprises à établir leur reporting RSE. 

Deux licornes ont fait le choix de l’assurance : Alan (BtoC) et Shift Technology (BtoB). Une troisième émerge, Descartes Underwriting, spécialisée dans les risques climatiques.

Des logiciels vendus sous la forme d'un service (SaaS[7]) sont proposés aux entreprises pour améliorer leur productivité et leur gestion : Payfit (gestion des ressources humaines), Ivalua (gestion des achats), Spendesk (gestion des dépenses), Pigment (planification financière), Pennylane (gestion financière des PME). 

Dans la cybersécurité, TEHTRIS XDR a gagné le Trophée des Futures Licornes 2023 dans la catégorie coup de cœur ; un marché foisonnant ou les start-up sont très nombreuses, comme CryptoNext, VeriQloud, Wallix.

Dans le secteur immobilier, la licorne Iad fournit des outils numériques aux conseilleurs indépendants. 

Solutions numériques sectorielles

Plusieurs secteurs de la société sont particulièrement transformés par la numérisation : la santé, l’éducation, le transport, l’agriculture.

Les sciences de la vie et la santé (medtech et biotech) sont portées par le vieillissement de la population, l’allongement de la durée de vie, les crises sanitaires et les pandémies. 

La France a déjà deux licornes dans la medtech (Doctolib et Dental Monitoring) et de nombreuses start-up à potentiel : Cardiologs dans l’interprétation des cardiogrammes ; Withings dans les objets connectés ; Bioserenity dans le diagnostic et le suivi de maladies ; Therapixel, Datexim, TheraPanacea, dans l’IA appliquée à l'imagerie médicale ; AiVision dans le diagnostic des maladies ophtalmiques ; Diabeloop dans la lutte contre le diabète ; Citizen Doc dans l’autodiagnostic. 

Le domaine des biotechnologies (biotech) est dynamique mais n’a pas encore de licornes : DNAScript, spécialisée dans la synthèse d’ADN gagnant du Trophée des Futures Licornes dans la catégorie des biotech et de la medtech ; Tissium dans la création de polymères synthétiques et biodégradables ; Treefrog dans la création de cellules souches reprogrammables ; Valvena dans les vaccins Covid-19 ; Enterome dans les thérapies contre diabète ; Genethon dans les thérapies géniques pour maladies rares.  

Le marché des start-up dédiées à l’éducation (edtech) est aussi en plein essor : OpenClassrooms dans les cours sur les compétences d’avenir ; Nomad Education dans l’apprentissage scolaire ; Nolej dans les contenus interactifs ; Plume dans l’enseignement de l’écriture ; Foxar dans la réalité augmentée[8].

Le transport se transforme aussi par le numérique. BlaBlacar est devenue le leader des solutions de covoiturage. Et le secteur est riche en start-up : Navya, start-up lyonnaise, développe des navettes sans chauffeur pour les zones urbaines, les campus ou les sites industriels ; Vianova fournit une plateforme de gestion des données pour aider les villes à intégrer et à réguler divers modes de transport ; Ecov déploie des stations connectées permettant aux habitants des zones rurales de partager des trajets. 

L’agriculture est riche en innovation : Naïo Technologies est spécialisée dans les robots agricoles ; Sencrop propose des stations météorologiques connectées pour optimiser l'irrigation et les traitements phytosanitaires ; Mycophyto utilise des champignons mycorhiziens pour améliorer la croissance des plantes tout en réduisant la dépendance aux engrais chimiques ; Kapsera développe des capsules biodégradables pour diffuser les biopesticides et les biofertilisants.

👉 4. Les évolutions sociétales, source de disruption, de nouvelle segmentation et de création

Les évolutions sociétales sont un gisement de croissance pour les PME/ETI.

Elles ouvrent de nouveaux marchés : la demande de pouvoir d’achat encourage la disruption de marché avec des offres très économiques ; le désir d’une clientèle aisée pour de nouvelles « expériences client » favorise des offres très premium ; les évolutions de la société et des modes de consommation créent de nouvelles idées d’offres et de marché.   

Disrupter le marché avec des offres bon marché

C’est le modèle du low-cost

Décathlon a disrupté le marché des articles de sport. L’entreprise propose des produits bien conçus à des prix très attractifs avec des marques propres et un sourcing massif en Chine.

Le segment du discount alimentaire se développe au sein des grands acteurs indépendants de la distribution alimentaire française (Leclerc, Intermarché...) rejoints par les enseignes spécialisées étrangères comme Lidl, Aldi et Action.

Dans le non-alimentaire, la Foir’Fouille et Gifi offrent une large gamme de produits pour la maison et les loisirs à des prix très bas.

Dans les télécommunications mobiles, Free s’est positionnée sur le segment bon marché et accessible avec des forfaits internet et mobiles à prix très compétitifs.

Air France a lancé Transavia pour répondre à la montée en puissance des compagnies aériennes low-cost qui à l’image de Ryanair,  ont disrupté le marché du transport aérien. 

Filiale de la SNCF, Ouigo applique ce même modèle.

Dans le secteur bancaire, Boursorama Banque, Fortuneo, Hello bank et surtout Nickel, illustrent cette tendance. 

Resegmenter avec une offre premium

Il y a 30 ans, Nespresso créait une offre haut de gamme dans le marché du café autour d’une capsule et d’un nouveau mode de consommation. Depuis, et pendant deux décennies, l’entreprise a connu une croissance à deux chiffres. Un exploit. 

Nespresso illustre le bénéfice d’une re segmentation au sein d’un marché stagnant pour fabriquer de la croissance. Un cas d’école. 

Le Chocolat Alain Ducasse adopte la même recette.  Cette marque, lancée par le célèbre chef Alain Ducasse, a transformé le marché du chocolat artisanal en France avec un positionnement ultra-premium : chocolats fabriqués de manière traditionnelle dans une manufacture parisienne.

Créer de nouveaux marchés en capturant de nouvelles tendances sociétales

Produits éthiques, bio, circuits courts

Dans un marché dominé par des géants comme Nike ou Adidas,  la marque française de baskets Veja a connu une forte croissance en capitalisant sur la préférence des consommateurs pour des produits éthiques : utilisation de matériaux écologiques (caoutchouc sauvage, coton bio) ; transparence sur les conditions de fabrication ; marketing basé sur l’authenticité.  

Le recyclage et le reconditionnement

1083 est une marque de jeans made in France qui répond à une demande pour des produits locaux et durables.  

Back Market, déjà citée, est devenue un leader d’appareils électroniques reconditionnés comme les smartphones, les ordinateurs, les tablettes, les appareils photos.  

L’économie de l’usage et du partage 

Blablacar et Le bon Coin illustrent l’économie de l’usage et du partage : le premier comme leader du covoiturage ; le second dans le marché de la seconde main et de la vente des biens de consommation entre particuliers.

Le bien être

Aesop crée des produits premium avec des ingrédients naturels et un branding minimaliste dans le marché des soins personnels, séduisant un public sensible à l’esthétique et à la qualité.  

Les seniors

De nombreuses PME/ETI innovent pour répondre aux besoins des seniors, un marché en forte croissance en raison du vieillissement de la population. 

Tunstall Vitaris est leader dans les solutions de téléassistance adaptées aux personnes âgées.

O2 Care Services connait une forte croissance dans l’aide à domicile, tout comme le réseau Petit-Fils.

Les Maisons de Marianne développent des résidences intergénérationnelles qui favorisent le lien social tout en offrant des services spécifiques aux seniors. 

Le loisir, le tourisme, le divertissement

Les nouvelles attentes d'authenticité, de personnalisation, d'écologie et de digitalisation créent des opportunités pour les PME/ETI dans le secteur du tourisme, des loisirs et du divertissement.

Voyageurs du Monde continue à croitre dans la longue tradition des voyages sur mesure. 

Nomadways propose des séjours participatifs où les visiteurs contribuent à des projets locaux, comme la restauration de paysages.  

Locaboat se développe sur la vague du Slow avec le tourisme fluvial et la locations de bateaux sans permis.

European camping group développe le marché des séjours touristiques en mobile homes. 

Cruiseline est une agence de voyages en ligne spécialisée dans les croisières. 

Ciela Village propose des vacances en pleine nature avec campings 4 et 5 étoiles. 

Dans le tourisme virtuel et immersif, Histovery s’est spécialisée dans la création d’expérience interactive en 3D pour les musées et monuments ; Immersiv.io crée des expériences en réalité augmentée pour le tourisme culturel et sportif ; Dreamcities va commercialiser une offre de voyages virtuels en 2025.

Les nouvelles formes de financement 

Bpifrance effectue un travail exceptionnel pour financer la réindustrialisation française.

L’industrie française du capital développement et du capital-risque est dynamique et accompagne les PME/ETI et les start-up. 

Les fonds d’investissement régionaux se multiplient. 

De nouvelles sources de financement apparaissent comme le crowdfunding, à l’image de MiiMOSA, une nouvelle plateforme de financement participatif pour les projets agricoles et durables.  

👉 Conclusion

Les circonstances politiques actuelles rendent impossible à court terme la conduite de réformes ambitieuses pour retrouver le chemin de la compétitivité. 

Elles sont pourtant indispensables pour libérer la croissance, stopper notre décrochage, redonner du pouvoir d'achat, préserver la protection sociale. 

Il faudra encore attendre pour réaliser cinq chocs sur les facteurs de compétitivité avec des effets de premier ordre : 

1.     Orienter massivement l'épargne des français vers l'entreprise.

2.     Réduire dans le cadre d’un plan pluriannuel les dépenses publiques (35 milliards à court terme et un objectif total de 140 milliards d'euros[9]), tout particulièrement celles qui sont improductives et inutiles ; abaisser le coût du travail ; relancer l’économie.

3.     Engager un premier bras de fer avec l’UE dans le domaine de l’énergie pour retrouver les bénéfices économique et écologique du nucléaire français.  

4.     Simplifier – pas dans les mots mais dans les faits – la réglementation et les normes, un second bras de fer avec l’UE. 

5.     Développer tous les mécanismes d'incitation à l’innovation, au travail, à valorisation du mérite, à l’accroissement de la productivité et du pouvoir d’achat (les deux notions sont liées). 

Dans cette période délicate de transition, il faut collectivement et prioritairement protéger et soutenir au maximum les PME/ETI, les entrepreneurs et leurs équipes. Elles sont les piliers de la résilience française. Elles portent le potentiel de croissance et d’emploi.

Elles sont la solution au problème de croissance de la France.

Photo de Jordan Madrid sur Unsplash

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[1] Jean-Pascal Beaufret, ancien inspecteur des Finances et ancien directeur général des impôts, in Europe 1, 23 septembre 2024. Les 890 milliards se décomposent de la façon suivante : 220 milliards pour le « quoi qu’il en coute », 200 milliards de réduction d’impôts pour les entreprises et les ménages, 440 milliards de financement du déficit des retraites, 30 milliards d’augmentation d’actifs (prise de participation dans des entreprises).

[2] La croissance économique actuelle incluant l’inflation est inférieure au taux d’intérêt, 3% versus 3,5% ; le coût de sa dette va augmenter plus vite que la capacité de l’État à la rembourser par la croissance de son économie ; ce qui obligera l’État à emprunter davantage pour rembourser ses intérêts.  

[3] Dernière enquête trimestrielle Bpifrance Le Lab/Rexecode citée in Le Figaro, 13 décembre 2024.

[4] Une licorne est une start-up valorisée plus d’un milliard d’euros mais pas encore cotées en bourse. Il y en a une trentaine aujourd’hui en France. 

[5] Henri Proglio in Commission d’enquête du Sénat visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France, décembre 2022.  

[6] Le terme SMR (Small Modular Reactors) désigne des petits réacteurs nucléaires modulaires, de taille et puissance plus faibles que celles des réacteurs conventionnels. Ils sont fabriqués en usine et transportés sur leur site d'implantation pour y être installés.

[7] Le terme SaaS signifie Software as a service. 

[8] https://www.itpublic.fr

[9] Jean-Marc Daniel, in Les Échos, 11 décembre 2024.

Garder l'espoir

Par Michel Gesquière

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