Nous vivons un moment historique. La révolution numérique va accroître dans la richesse nationale la part du capital au détriment du travail. Et augmenter les inégalités de patrimoine. Avec des risques sur la cohésion de notre société. Une solution existe pour l’éviter. Démocratiser l’accès au capital. Mais il faut aller vite et fort.
La plupart de nos objets de consommation – la voiture, la machine à laver, le smart phone – sont fabriqués avec de plus en plus de robots et de moins en moins d’humains.
Les produits et les articles que nous achetons et payons aux caisses automatiques de nos supermarchés sont stockés dans des entrepôts totalement automatisés.
Les usines vertes du futur utiliseront massivement la robotique avec peu de personnel de fabrication et de manutention.
À bas bruit, les algorithmes de l’intelligence artificielle prennent place dans notre quotidien.
L’intelligence artificielle (IA) fait son apparition dans le commerce en ligne et les réseaux sociaux pour personnaliser les relations et accroître le trafic. L’intelligence artificielle se déploie dans le transport avec les solutions de navigation et d’assistance et les véhicules autonomes.
Elle s’intègre avec l’internet des objets dans des solutions pour optimiser la consommation de ressources, piloter les réseaux d’énergie, décarboner le système de production.
Elle s’immisce dans les systèmes de recrutement des entreprises et dans l’organisation des rencontres amoureuses.
L’intelligence artificielle entre dans le champ de la santé, en commençant par la radiologie et l’oncologie.
Demain, l’IA sera un assistant pour accomplir de nombreuses tâches à notre place : prêter main-forte aux commerçants, aux professions libérales, aux artisans, aux petites et moyennes entreprises pour naviguer dans le maquis des procédures, des règlements en constante inflation ; aider les citoyens à se réapproprier la loi ; simplifier les activités tertiaires et la gestion de l’entreprise ; mieux prévoir et prédire l’évolution de l’économie, hors scénario de rupture.
Aucun domaine de la société n’échappera à son expansion.
Traduit en termes d’économistes, sous l’effet du progrès technique – Robotique et IA – la part du capital va augmenter dans la richesse nationale au détriment du travail.
Nous l’observons déjà aujourd’hui. Plus un salarié a une activité proche du capital, plus sa rémunération est élevée ; à l’inverse, dans les métiers distants du capital, les salaires sont plus faibles, même si la valeur ajoutée sociale est forte.
Un franchisé propriétaire d’un fonds de commerce dans la grande distribution, un ingénieur actionnaire d’une société qui fabrique un logiciel, un banquier d’affaires rétribué en pourcentage d’une transaction sur une opération en capital, un financier dans un fonds d’investissement sont bien plus rémunérés que les salariés et les managers des prestataires de services qui reçoivent un salaire fixe complété parfois par une prime de performance.
Pour un dirigeant d’une grande entreprise du CAC 40, l’intéressement au capital sous forme d’attribution d’actions gratuites domine largement sur le salaire.
La valeur économique et surtout sociale du travail restera essentielle.
Mais dans un système capitalistique, le progrès technique favorise inexorablement la rémunération du capital sur la rémunération du travail.
Avec pour conséquence, un accroissement des inégalités entre ceux qui ont accès au capital et ceux qui en sont éloignés.
Et un risque croissant sur la cohésion de notre société, déjà polarisée entre les gagnants et les perdants de la mondialisation.
Le réflexe naturel français est d’agir sur la fiscalité et les mécanismes de redistribution. Pourquoi pas ! mais il y a un moyen bien meilleur pour l’économie française et la croissance.
Nous allons vivre dans les 10 à 15 ans à venir une révolution numérique et la possibilité historique d’une ré-industrialisation verte.
C’est une chance pour réorienter l’épargne des Français et développer un capitalisme populaire.
Comment ? en démocratisant massivement et rapidement l’accès au capital, sous toutes ses formes. En faisant jouer si nécessaire, un rôle de garant à l’État français.
Cet accès est aujourd’hui limité à un très petit nombre de bénéficiaires : petits et grands actionnaires, fondateurs et dirigeants de start-up et de PME, cadres dirigeants de très grandes entreprises, financiers des organismes bancaires, des assurances, des fonds d’investissements.
Nous avons en France une industrie dynamique de Capital Développement qui aide les PME et les ETI à se développer et à croître en leur apportant un support financier et managérial.
Pourquoi ne pas démocratiser son accès. En la combinant avec d’autres solutions peu ou pas déployées : la retraite par capitalisation en complément de la retraite par répartition ; la participation et l’intéressement ; l’attribution d’actions gratuites (sans droit de vote) aux salariés des entreprises de toutes tailles.
Comme souvent des idées et initiatives existent. Mais il manque un passage à l’échelle. Il faut atteindre vite le plus grand nombre et éviter le risque d’une aggravation de la fracture sociale.
C’est possible. Mais il y a urgence, si on ne veut pas subir. Le progrès technologique est en marche.